Le plus beau mois de l’année. L’ardent soleil d’été se niche dans les feuilles et les grappes, ça sent bon les cahiers neufs. On range les sandalettes et on sort les chaussettes. On trie les photos des vacances et les conseils pour rester zen à la rentrée. L’agenda automne-hiver se pare doucement de trop de rendez-vous culturels, de séances et de soupers autour du caquelon. Partout, on tente de capturer la chaleur pour «tenir» en prévision des jours frileux à venir.
Septembre, le temps de la récolte. Tout ce qui a été planté, semé ou conçu dans les festivités et les bonnes résolutions de janvier, se révèle après neuf mois de gestation. Le résultat apparaît dans la rosée matinale ou la tombée du soir. Septembre qui «balance». En numérologie, la maison 9 est celle du bilan, de la fin d’un cycle. Finir en beauté pour recommencer sur des bases solides, empreintes de sagesse. Le temps file, chaque mouvement prend plus du temps. On entend encore : « Le temps, c’est de l’argent » mais avec les années, il est plutôt passé de mon portemonnaie à mes cheveux…
Dans cet esprit de réflexion, de conclusion, il serait peut-être temps de coucher sur le papier mes pensées, mes directives anticipées, mes souhaits, toutes ces traces de vie qui me survivront. Chaque jour est peut-être le premier de l’automne de ma vie, même si j’espère en vivre encore des dizaines… Septembre, la fenêtre est ouverte sur le pommier
chargé, un papillon se pose sur l’hortensia, ma tasse de thé chaï fume, en fond Vivaldi et ses Quatre-saisons et là sur le bureau, mon cahier neuf étale sa première page vierge. Il est temps…
Je prends ma plus belle plume et couche les premiers mots de mon testament sentimental. « Il faut qu’on sache que… ». Une belle lettre en héritage où tout serait consigné, facile à comprendre pour son lecteur, avec des petites notes sur tout et sur ces riens qui me reviennent en mémoire dans un désordre émotionnel et que je pourrais rajouter ou modifier en tout temps avant le point final. Une belle lettre que je ne signerai peut-être jamais mais qui sera remise à mon confident en temps voulu, en toute discrétion et confidentialité.
« Lorsque je ne serai plus là… ». Au travers du temps, il restera entre nous ces souvenirs de flaques de printemps, de parfums de crème solaire et de limonade au bord de l’eau, les moments d’amitié attablés au milieu des blés et des vignes, et mon Postscriptum. Comme un clin-Dieu déposé sur les pétales du tournesol sur le rebord de ta fenêtre. En septembre…
Nos paroles s’envolent mais nos Petits Mots restent… Pense‑y…
Béatrice Claret
Écrivain public, membre AEPS
Les Petits Mots – Application «Postscriptum
www.lespetitsmots.ch