Les écrivains publics se mettent au vert
L’Académie des écrivains publics de Suisse, présidée par la Lausannoise Michèle Thonney Viani, tient traditionnellement ses assises bisannuelles dans différents lieux de Suisse romande en fonction de la situation géographique de l’officine du membre auquel échoit l’organisation de la journée. Samedi dernier, Eric Nusslé, membre du comité, avait tout naturellement choisi le Val-de-Travers pour initier ses consœurs et son unique confrère présent à la magie de la fée locale.
Ecrivain public n’est peut-être pas le plus vieux métier du monde, mais c’est sans doute le plus ancien de l’histoire et, bien qu’il ne corresponde plus tout à fait à l’image du scribe égyptien ou du clerc du Moyen Age, il reste plein d’avenir. Si l’écriture était alors l’apanage du clergé et parfois de la noblesse, le tiers-état a pu, dès le début du XIIIe siècle, recourir aux services discrets de l’écrivain public qui, désormais, a pignon sur rue. « L’écrivain public rédige des accords, des contrats, des suppliques, des compromis exigeant des formes de rhétorique particulières, ceci pour une société plus active que lettrée, essentiellement composée de paysans, d’artisans ou de commerçants ».
De nos jours, l’écriture cède sa place à la communication audiovisuelle qui, sans doute, permet de se faire comprendre, mais ne facilite certainement pas l’apprentissage de la grammaire et de l’orthographe. La rédaction d’un texte important, que ce soit une lettre de recherche d’emploi, un curriculum vitae, un procès-verbal ou un mémoire peut alors poser des problèmes aux personnes les plus compétentes dans leur domaine d’activité. A chacun son métier, celui d’écrivain public n’est pas près de disparaître. L’Académie des écrivains publics de Suisse offre une garantie sur les plans de la qualité et de l’éthique, particulièrement en ce qui concerne la confidentialité.
Nous ne sommes toutefois pas là pour faire l’apologie de cette profession, mais bien pour montrer que même les gratte-papier savent se mettre au vert ! La dizaine de participants présents ont été conquis par le site de La Raisse où, après la partie officielle, ils sont descendus voir les magnifiques alambics de cuivre, dûment plombés entre deux distillations, et découvrir quelques pans de l’histoire de la maison sous la conduite de Thierry Guizzardi, maître des lieux, qui s’était en outre mis aux fourneaux pour la circonstance.
Il a été très difficile, dans l’après-midi, de les faire quitter Fleurier pour se rendre à Môtiers, où les attendait le Père François pour une visite de sa distillerie et du musée attenant. La découverte de « la coueste », de son histoire mêlée de légende, des objets qui accompagnent sa dégustation rituelle et les petits chocolats délicatement parfumés ont visiblement conquis l’auditoire. Cela justifie ces quelques lignes… pour mémoire.
Eric Nusslé
Paru dans le Courrier du Val-de-Travers hebdo, jeudi 14 mai 2009